Démolition des anciens abattoirs et abandon du tiers-lieu des Z'Abattoirs

Le 16 février 2021, en conseil municipal, la municipalité de Perpignan a fait savoir qu’elle désire raser les anciens abattoirs pour y construire un « pôle de proximité de services aux habitants », dans la cadre de la ZAC la Vigneronne.
Ce pôle devrait accueillir des services de la propreté, des espaces verts, de la police municipale, ainsi que des services pour les habitants.

Depuis 2015 un projet de tiers-lieu était à l’étude, les Z’Abattoirs. La mairie avait donné mission à l’Atelier d’Urbanisme de réunir les acteurs et de monter le dossier. L’Atelier d’Urbanisme devait porter le projet jusqu’à la demande de permis de construire. Clairement la gestion du dossier lui a été retiré.

Le projet tel qu’il existait jusqu’aux élections de 2020 avait la forme d’un tiers-lieu dédié à l’ESS. Le projet tel qu’il semble se dessiner actuellement est une sorte de centre technique municipal (le « CTM bis » dont parle Chantal Gombert dans son intervention) avec des locaux pour la Maison de Quartier et les associations du quartier (celles qui dans le projet initial profitaient du système de péréquation imaginé par l’Atelier d’Urbanisme et Interlocal.es).
Le projet de tiers-lieu, qui aurait été le troisième plus grand de France, est clairement abandonné. Seul le vocable restera. S’il reste.

La mairie, sans concertation aucune, ce qui sera sans doute la marque de fabrique de Louis Aliot, change de tout au tout le projet et, à termes, l’aménagement de la ZAC de la Vigneronne. Cette ZAC est d’ailleurs au point mort depuis plusieurs années.
Le projet des Z’Abattoirs est donc officiellement mort.

Remarques techniques

Le problème de la pollution à l’amiante et les 900 000 euros de dépollution concernent principalement la toiture. Celle-ci est en shed, les sortes de Z si caractéristiques des usines du XIXe siècle, et est exposée au sud, sans vis-à-vis. Un projet de centrale photovoltaïque de 6 500 m² était donc prévu, pour un coût total de 2 millions d’euros.
Appuyer sur cette facture de 900 000 euros est plutôt de mauvaise foi.
De plus cette centrale aurait été amortie au bout de 5 ans, aux vues de sa capacité de production et des tarifs de l’électricité. D’ailleurs quelques acteurs majeurs de la filière photovoltaïque locale avait fait connaître leur intérêt pour la gestion de la toiture. Tous assuraient payer pour l’intégralité de l’opération.

Concernant les 46 associations, et entreprises, intéressées et répertoriées en 2017, la plupart n’ont pas de modèle économique et donc ne peuvent payer de loyer. L’idée était que les structures importantes participent à un système de péréquation, les loyers étant fonction de la solvabilité des structures. Plusieurs entreprises de l’ESS devait participer aux projets et semblaient d’accord avec le principe.
Le centre social de Saint-Assiscle, qui connaît des problèmes de locaux, avait appuyé la démarche. Ainsi les petites associations de quartier et les structures d’éducation populaire sans le sou aurait pu utiliser le tiers-lieu sans trop de contrainte.
Si en 2019 il ne restait plus que 8 partenaires, « sur le papier », c’est tout simplement que les délais de montage du projet, faute d’un partenaire financier, étaient trop longs pour elles. Elles sont parties petit à petit sans crier gare.

À titre personnel

Depuis 2015 je participe, plus ou moins activement selon les périodes, à un projet de création d’un tiers-lieu dédié à la défense de l’environnement et à l’ESS. Au début, fin 2015, il s’agissait de monter un projet de reprise de la Cyberbodega, lieu que les « vrais » militants écologistes de Perpignan connaissent bien. Moins de deux ans plus tard je me retrouvais à travailler sur un projet à plus de dix millions d’euros, d’ampleur départementale.
J’ai les yeux plus gros que le porte-monnaie, je sais, mais je n’y peux rien.

J’ai participé à la création d’Interlocal.es, j’en ai été administrateur, et à ce titre j’ai participé à la plupart des réunions de travail jusqu’en 2019.
À cette date la cassure entre Interlocal.es et l’Atelier d’Urbanisme était consommée.
Les associations issues de l’ESS voulaient une SCIC et proposaient des partenaires financiers capables d’assumer les dix à douze millions d’euros nécessaires aux travaux. L’Atelier d’Urbanisme s’opposait à la SCIC et n’a jamais pu proposer un tour de table pour la gestion financière du projet.
Ces divergences sur la gestion et le véhicule juridique sont la cause principale du retard du projet.

Mais la vraie cause d’échec est le refus, répété, de Jean-Marc Pujol de voir la mairie participer financièrement au projet. Même la dépollution aurait dû être prise en charge par le porteur de projet !
Le peu d’intérêt pour le développement socio-économique de Jean-Marc Pujol aura eu raison des Z’Abattoirs et de son tiers-lieu.

Au final, il ne reste qu’une seule consolation, le terrain n’a pas été vendu, pour 2,5 millions d’euros, à un hard discounter, comme la mairie désirait le faire en 2015.

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