Uglier than they used ta be

20 ans après Ugly Kid Joe sort un nouvel album.
En sale gosse qui se respecte, je ne pouvais que me jeter sur l’occasion pour vider un peu plus mon compte en banque.
Et puis c’est l’opportunité de parler d’un truc un peu sympathique pour une fois.

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De sale gosse à vieux con ?

Si vous voulez une vraie critique du disque aller faire un tour sur Radio Metal, ou autre, mon objectif n’est pas celui-là. Mon objectif est plutôt de faire un point sur les 25 dernières années. Celles qui séparent « As Ugly As They Wanna Be » de « Uglier Than They Used Ta Be ».

J’ai découvert Ugly Kid Joe via une chronique de « Tonton Zézé » dans le numéro de juin 1992 d’Hard Rock magazine, lu dans le TGV qui m’emmenait à Paris, voir Guns N’ Roses à Vincennes (pour des bourrins, un hippodrome c’est parfait).
J’ai acheté le CD un peu après.
Pendant l’été le clip de « Everything About You » a pas mal tourné sur M6. Et à l’automne je les ai vus sur scène à Lyon.
Ce groupe, son humour potache et trash, m’ont particulièrement marqué. J’avais 14 ans, je ne pense pas avoir besoin de m’expliquer. N’est-ce pas ?
J’ai encore deux t-shirts (en sale état) qui traînent dans le placard.
Je suis resté fidèle jusqu’au milieu des années 90 et le split du groupe.

Uglier ?

Cet automne sont sortis un Iron Maiden (double CD), un Slayer (un putain de packaging, hou maman !) et un Def Leppard (juste écouté en ligne, je n’ai pas encore acheté le CD au moment où j’écris). Sans être mauvais ces albums sont « fatigués » pour reprendre une chronique lue quelque part.
Uglier Than They Used Ta Be, lui, est franchement en forme.

D’accord, il est plus proche des 50 que des 20 ans, moi aussi d’ailleurs, et parfois ça se sent. Mais il a une hargne qu’on retrouve parfois sur le premier album d’un paquet de musiciens, du genre « marche ou crève », le recul en plus. L’humour potache des débuts (cf Madman et son psychopathe en vadrouille) a été remplacé par une forme d’humour noir, sans doute teinté de cynisme (Let The Record Play). Mais qui, passé 40 ans, se marre en écoutant des histoires de barges décapitant les clients de Disneyland ? La musique est aussi moins funky, mais depuis « Menace To Sobriety » on était au courant.
On a des moments « lourds », façon Black Sabbath, du gros riff heavy metal entrecoupé de structures pop plus complexes et énergiques. En gros on est face à la suite logique de « America Least Wanted ».
Sans être inintéressantes les deux reprises sont dispensables. Ace Of Spades est assez sympa, mais le chant ne colle pas. Papa Was A Rolling Stone (non disponible sur Spotify) est sans doute trop courte, l’original fait presque 11 minutes.
Les fans des premiers disques y retrouveront leurs petits. Les autres, c’est-à-dire ceux qui accrochent la scène métal actuelle, seront sans doute moins intéressés.
Quant aux amateurs de musique raffinée et du bon goût, heu, comment dire, …, ils peuvent jeter un œil à la pochette. Elle est assez explicite.

Vieillir n’est pas grandir !

J’avais 14 ans et j’écoutais en boucle Whiplash Liquor.
J’ai 37 ans et j’écoute en boucle The Enemy.
La première chanson vante la fête et les excès (Whiplash Liquor, sure is quicker / Makes you sicker, it’s the best!) ; la seconde chanson nous rappelle qu’il y a toujours une facture à payer (All my life I been wasting away / Never thought there’d be hell to pay).
On pourrait dire que passer de l’un à l’autre c’est « grandir ».
Mais on a juste vieilli, en musique.
Parce que oui, on a toujours envie d’aller à Disneyland tirer dans le tas et de foutre des bâtons de dynamite dans le cul des chats (mais pas que…).

 

Put the needle down
And let the record play

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