Rapport annuel sur la mise en œuvre de la politique de la ville 2015

Le 11 juillet 2016 Perpignan Méditerranée Communauté Urbaine a validé, lors d’une réunion du Conseil de Communauté, le rapport annuel sur la mise en œuvre de la politique de la ville 2015. Celui-ci fait le point sur les actions menées en 2015. Il prévoit aussi des actions pour 2016. Voici une première analyse de ce rapport.

Le contrat de ville

Depuis 2014 la politique de la ville a été modifiée en profondeur.
Le découpage des territoires concernés, les Quartiers Politique de la Ville (QPV), ont été redécoupés suivant de nouveaux critères liés au revenu. Une obligation de co-construction des projets a été instaurée via la création des conseils citoyens. Ceux-ci doivent être composés pour moitié d’habitant et pour moitié d’acteurs locaux (associations, entreprises). Ils sont aussi membres de droit du comité de pilotage, bien qu’ils n’aient qu’un avis consultatif.
Pour Perpignan il existe 9 quartiers prioritaires et 9 conseils citoyens (cf carte).
La ville de Perpignan, la communauté urbaine Perpignan Méditerranée, le Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales, la CAF et l’État sont les principaux signataires du contrat de ville.
Ce contrat peut se résumer à quatre livres : trois piliers et les axes transversaux.
Les trois piliers sont : la cohésion sociale, cadre de vie et renouvellement urbain, développement économique et emploi.

Le rapport

Télécharger le rapport : 2015_rapport_annuel.pdf

2015 étant la première année de mise en place du contrat de ville, le rapport revient donc sur la mise en place des nouveaux outils.

Une place très faible est laissée à l’articulation entre le projet « Terra Nostra » de Perpignan Méditerranée et le contrat de ville. Seul le volet cohésion sociale est commun au deux projets.

Une partie des diagnostics effectués dans les différents QPV est repris, mais ils ne concernent principalement que les quartiers « Centre Ancien », « Diagonale du Vernet ». Des statistiques à l’échelle de la communauté urbaine sont aussi communiquées. Elles permettent de donner une idée de la situation socio-économiques des QPV.
Malheureusement ces données ne couvrent que la période 2010-2015.
Les tableaux concernant les revenus fiscaux sont assez révélateurs de la situation. Alors que le revenu médian (à Perpignan et sur le territoire de la communauté urbaine) et celui du 9e Décile (les 10 % les plus riches) augmente légèrement, le revenu du 1er Décile diminue. On peut donc conclure à une augmentation de la précarité et des inégalités. Le rapport conclut à « des écarts en termes de précarité qui se stabilisent ».
Les données sur le chômage montrent aussi une situation particulièrement difficile. Le taux de chômage à Perpignan en 2012 était de 24 % contre 19,1 % sur le territoire de la communauté urbaine. Ce taux monte à plus de 30 % dans les QPV, avec une pointe à 83 % dans le quartier Saint-Jacques.

Le rapport revient longuement sur la mise en place des projets, sans toutefois s’attarder sur les difficultés que les conseils citoyens ont pu connaître (notamment pour ce qui concerne la mise à disposition de salles municipales).
133 projets ont été soutenus pour un financement d’à peu près 1,5 millions d’Euro.
Il est à noter que les projets concernant l’emploi et le développement économique représentent 0,40 % de cette enveloppe (la version papier indique 0,40%, alors que la version numérique indique 10%).
Les programmes de rénovation urbaine liés à l’ANRU sont aussi détaillés.

Une partie prospective rappelle les projets à lancer pour début 2016.
Elle ne traite que de la gouvernance générale et des conseils citoyens.

Une dernière partie traite des actions liées au développement social urbain. Il s’agit principalement du pilier cohésion sociale. Le travail des centres sociaux, qui à Perpignan sont tous municipaux, est mis en avant.

En annexes on retrouve le document concernant le Pilier cohésion social validé lors du comité de pilotage de juin 2015 et l’appel à projets 2015.

Analyse

Ce rapport, qui n’a pas été rédigé en partenariat avec les conseils citoyens, reprend en version raccourcie le contrat de ville. Il précise certains budgets pour des projets mis en œuvre en 2015 et 2016. Mais aucun bilan n’est disponible.
L’accent est mis sur un seul des 3 piliers, la cohésion sociale, les deux autres ne sont évoqués que vaguement. Le renouvellement urbain est laissé à l’ANRU et le développement économique est du ressort de Perpignan Méditerranée et de son projet de territoire « Terra Nostra ».
Ce document, qui n’est qu’une formalité administrative au final, n’a d’intérêt que par les données statistiques qu’il contient. Elles permettent de mieux cerner la réalité des quartiers prioritaires de Perpignan qui comptent parmi les 20 plus pauvres de France.

Au final ce rapport montre l’absence qu’une politique volontariste concernant les quartiers les plus pauvres de la ville et une certaine capacité à l’autosatisfaction.
Il est à noter que l’opposition ne semble pas s’être saisie du problème.

Affaire à suivre.

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