Un an avec Ubuntu Touch

En février 2016 j’ai fait l’acquisition d’un téléphone équipé d’Ubuntu Touch comme OS.
Il s’agit du seul smartphone que j’ai utilisé cette année, voici mon sentiment à la fin de cette période.

L’appareil en lui-même

L’aquaris e5 est un produit d’entrée de gamme. La qualité de finition est d’ailleurs assez faible. J’ai pas mal de soucis avec la prise jack (je passe de mono à stéréo de façon aléatoire) et avec la prise USB (déconnexions intempestives, surtout lorsque je passe des fichiers vers mon PC).
Avec un seul gigaoctet de RAM, l’appareil présente aussi des limites si on veut utiliser la « convergence ».
Après un an d’utilisation, je ne conseillerais pas vraiment l’achat de ce modèle.

L’OS en lui-même

Ubuntu Touch tient à la route, surtout pour un OS mobile assez jeune.
Le système des scopes est plutôt intéressant ; le dashboard, qui reprend la logique d’Unity, est plutôt pratique.
Par contre le système est gourmand en termes de mémoire. Il met énormément de données en cache et il est assez difficile de le purger. J’utilise beaucoup le navigateur Web, ce qui finit par saturer la RAM. En général je redémarre une fois par semaine, histoire de vider le cache. On a donc un OS GNU/Linux qui ne sait pas gérer la RAM. Curieux ?!
Le système est aussi en lecture seule. Cela permet de changer l’intégralité de l’image système lors d’une mise-à-jour. Pour expliquer le concept aux linuxiens ça revient à avoir la partition / intégralement changer lors d’une mise-à-jour, la partition /home étant séparé. Résultat des courses, si on veut changer quoi que se soit dans /, on perd la possibilité de faire des mise-à-jour, il faudra flasher l’appareil. À titre de comparaison aucune distribution, y compris Ubuntu, ne fonctionne sur ce modèle.
Changer /etc/hosts pour éviter les publicités fait perdre les mises-à-jour. Très pratique.
De la même manière tenter d’installer un logiciel via apt entraîne le même problème. Pour un OS qui se veut convergent c’est ballot.
Le problème doit être à terme réglé par l’arriver de snap, qui permettra d’installer n’importe quoi sans toucher à /, en théorie. Sauf que pour l’instant aucun appareil n’est compatible. Les acheteurs de smartphone Ubuntu Touch devront changer d’appareil en 2018/2019. Si jamais ces appareils sortent un jour.

Et dans l’avenir

L’intérêt d’un OS convergent c’est la convergence. Linux, en version desktop, dispose d’une logithèque comparable à celle d’Android. Si Canonical avait « juste » tenter de faire un portage d’Ubuntu vers la plate-forme ARM en offrant aux utilisateurs les mêmes possibilités sur smartphone que sur PC on aurait sans doute eu affaire à un vrai « game changer ». Surtout que le prix d’un smartphone de qualité est proche de celui d’un ordinateur portable.
Au lieu de ça Canonical à fait du Canonical, d’abord avec le format « click » pour les applications, puis avec l’arrivé de snap qui « gèle » la maintenance des appareils déjà en circulation. Ce qui n’est pas vraiment une forme de respect du consommateur.

Personnellement j’ai l’impression que le smartphone avec un OS libre pour le grand public n’est pas pour demain.
Et c’est bien dommage.

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