T’as mis Google ?

Ce qui est bien quand on développe un peu, qu’on gère des bases de données, c’est d’entendre des gens (souvent des clients) vous dire des trucs du genre « t’as mis Google, c’est bien. » à propos du moteur de recherche fait sur-mesure et intégré au site.
Ça montre à quel point Google a gagné la guerre idéologique.

Interne ou externe ?

Dans un site ou un blog il existe deux façons pour disposer d’un moteur de recherche : un moteur interne ou un moteur externe.
Le moteur interne n’effectuera de recherche que dans la base de données du site.
Le moteur externe enverra une requête à un site comme Google et le site ou blog affichera le résultat reçu.
Il existe des outils pour lier votre site à un moteur de recherche, Google en propose.
Des CMS comme Wordpress ou Dotclear proposent eux des moteurs de recherche interne par défaut.

Hégémonie culturelle

Le concept de l’hégémonie culturelle a été développé par Antonio Gramsci au début du 20e siècle.
En pratique une révolution ne peut avoir lieu que lorsque les dominés ne consentent plus à l’ordre établi. Tant que les dominants arrivent à convaincre les dominés qu’ils travaillent pour leur bien l’ordre social ne bouge pas. Un article du monde diplomatique vous aidera à mieux cerner ce concept : http://www.monde-diplomatique.fr/2012/07/KEUCHEYAN/47970
Vous pouvez aussi lire la page Wikipedia à ce sujet : http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9g%C3%A9monie_culturelle
Appliqué au logiciel libre cela signifie qu’il ne peut s’imposer que si la masse des consommateurs refuse les solutions propriétaires. Pour les grands groupes du secteur informatique il faut donc convaincre le consommateur de l’intérêt de leurs solutions.

Le cas de Google

Google c’est l’Internet !
Vous ne me croyez pas ?
Faites un test très simple. Dans votre entreprise coupez l’accès à la page d’accueil de Google. Rapidement vos collèges se plaindront d’une panne d’internet. Il est tout à fait possible qu’ils utilisent Skype (ou autre) pour prévenir le support technique.
Couper l’accès à quelques sites comme Google, Facebook, Bing, Yahoo, suffit à faire panique l’utilisateur lambda.

Lors de plusieurs projets associatifs j’ai dû mettre en place des outils de travail collaboratif en ligne. Pour des raisons de sécurité ces outils, tout comme 80 % du Web, n’étaient pas accessible depuis Google. Les utilisateurs devaient suivre une formation, certes courtes, mais durant laquelle les problèmes d’accès étaient abordés et l’url communiquée.
Ça n’a jamais loupé, j’ai à chaque fois eu des retours d’utilisateurs n’arrivant pas à se connecter. Dans presque tous les cas ils saisissaient l’url dans le champ de recherche de Google.
Il faut aussi dire que Chrome (et Chromium) bascule les recherches de l’input contenu dans la page d’accueil de Google vers la barre d’adresse. Vu les parts de marché de Chrome le problème va aller en s’amplifiant.

Quelques exemples de mauvaises pratiques concernant le Web

Vous devez communiquer, ayez le réflexe Facebook. Outre que c’est gratuit, vous pourrez toucher une audience de près d’un milliard de personnes.
En passant vous donnerez gracieusement une foultitude de données personnelles. Ces données étant tout à fait utilisable par la NSA (entre autre).

Besoin de partager des documents, d’avoir un agenda en ligne, Google Docs est là pour vous. c’est gratuit, ça s’intègre parfaitement à Chrome.
En passant vos données seront aussi analysables par Google (c’est dans le contrat d’utilisation), elles seront aussi difficilement exportables et Google peut changer son outil du jour au lendemain sans se soucier de votre avis.

N’hésitez pas à rallonger la liste.

Pour revenir aux moteurs de recherches

Pour le site www.accessibilite-apf66.org j’avais dû mettre un moteur de recherche en ligne. N’ayant pas à l’époque de gros besoins j’avais développé directement l’outil. C’était aussi un bon cas d’école. À priori il est toujours en place.
Lors d’une réunion j’ai présenté rapidement le moteur de recherche. J’ai été félicité pour avoir mis Google.
Ça laisse un goût amer en tant que développeur.

Sur mon blog (que vous êtes en train de parcourir) j’ai aussi un moteur de recherche. C’est celui par défaut de Dotclear. Piwik permet de connaître tous les mots recherchés par les internautes. J’ai souvent des requêtes portant sur des communes. En fait une partie des internautes lisant les billets concernant la programmation pour Google Maps recherchent des informations sur des communes. Ils confondent donc ma base de données avec celle de Google.
S’il s’agit d’un simple internaute c’est la faute à un manque d’éducation. S’il s’agit d’un développeur Web c’est de la bêtise.

En guise de conclusion

Le logiciel libre n’est pas encore un réflexe, même sur le Web où il est pourtant très présent.
Le marché du logiciel semble tendre vers des monopoles contrariés, c’est-à-dire qu’une entreprise ou une solution logiciel représente 90 à 95 % du marché, les concurrents ne pèsent donc presque rien. Windows, Word sont de bons exemples, Android semble être sur la même fois, malgré la résistance d’Apple.
Même en proposant des solutions techniques de qualité supérieure et malgré des révélations comme celles de Snowden le logiciel libre ne s’imposera que s’il devient une évidence pour les utilisateurs.
C’est tout à fait possible, mais cela prendra du temps et passe par l’éducation.

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