I shoot Raw ?

Ces dernières semaines j’ai visionné pas mal de vidéos youtube traitant de photographie numérique. Le débat « Raw vs JPEG » est toujours d’actualité semble-t-il.
Outre l’aspect technique évident, ce débat a aussi un aspect plus philosophique sur la pratique de la photographie numérique et la diffusion des clichés.
Du moi à mon avis.

Ma pratique au quotidien

Je suis plutôt du genre fainéant et je mitraille avec une antiquité qui a près de 10 ans (un bon vieux SD14 de chez Sigma), donc j’utilise principalement le JPEG. Mon appareil ne permettant pas d’enregistrer des Raw+JPEG je suis obligé de choisir. Et en règle général j’enregistre mes fichiers au format JPEG.
Je sais c’est mal, mais bon je n’ai pas trop de plainte de ce côté-là.
Par contre je diffuse très peu, sans doute moins de 5 % de mes clichés sont en ligne. Avant toute diffusion je passe par une étape de sélection des clichés. Je ne dirais pas que cette étape est sévère, mais elle me paraît obligatoire.
Il m’arrive de temps en temps de retoucher mes images avant de les diffuser. Il faut dire que bien qu’il sorte pas mal, mon capteur prend la poussière.
Bref je pratique la sélection avant diffusion.

Spray and pray

Le numérique permet d’enregistrer un nombre assez important de photos sans devoir rentrer à la maison. Un bon appareil récent peut réaliser un millier de photos avant de décharger la batterie. Comparé à des films qui ne permettaient que 24 clichés l’écart est colossal.
À titre d’information mon appareil, ou du moins sa batterie, me permet de réaliser à peu-près 400 vues en JPEG et 150 en Raw.
Mitrailler à tout-va est donc tentant, c’est d’ailleurs la pratique majoritaire chez les photographes numériques. Et évidemment la tentation est grande de diffuser la majorité des photos sur les réseaux sociaux. Ça ne coûte rien, ou presque.
On se retrouve donc avec des albums photos de 200 clichés sur Facebook ou consort, alors que les trois quarts n’ont pas particulièrement d’intérêt.
Les photos rejetées sont souvent floues, très mal cadrées, etc.
À titre personnel je n’ai pas l’impression que le piquet soit un critère de « rejet » pour la plupart des gens.

Sélection

Passer par le format Raw impose une contrainte pour la diffusion des photos : aucun réseau social n’est capable de les afficher. Et je ne parle pas du point des fichiers.
La diffusion se fait donc en JPEG. Ce qui est logique vu que le JPEG est un format de diffusion et le Raw un format de travail.
Shooter en Raw oblige donc à passer par l’étape « développement ». Des logiciels comme Ligthroom, Darktable ou UFRaw sont là pour ça.
Sauf que développer un millier de fichiers Raw ça prend du temps, beaucoup de temps. À une minute par image ça fait 16 heures et 40 minutes. Pour une diffusion rapide c’est mort, et une minute par image ça rentre dans la catégorie « même pas en rêve ». Ou alors on développe avec un réglage identique pour tous les clichés, ce qui revient à faire le travail du boîtier avec lequel on photographie sur son PC.
Devoir développer les photos impose donc d’effectuer une première sélection.

Développement

La phase de développement va elle imposer une réflexion sur l’image, son contenu sémantique, sa qualité esthétique, etc.
Utiliser un logiciel de dématriçage ne revient pas à cliquer sur des boutons au hasard et à déformer des courbes n’importe comment. Il faut une minimum de connaissance et de compréhension de ce qu’est une photo numérique. Ce type d’opérations permet de développer, si j’ose dire, chez le photographe numérique une minimum de recul sur son travail, et donc d’acquérir un peu de culture photographie.

Au final, que retenir ?

Sans forcément avoir une démarche artistique, on peut pratiquer la photo avec un tantinet de sérieux, sans pour autant se prendre au sérieux.
Diffuser tout ce qu’on shoote parce que techniquement c’est possible et, surtout, gratuit ne peut pas être considéré comme une démarche créative. Il faut avoir un minimum de critique vis-à-vis de son travail et savoir se modérer.
D’une certaine manière la pratique du Raw ne peut qu’améliorer la pratique photographique.

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