Le blog de Philippe Poisse

L'Ipad est un produit haut de gamme, le coût total d'acquisition se situe entre 400€ et 800€ en fonction du modèle ; il n'est réellement compatible qu'avec les produits Apple et dispose d'un offre logithèque relativement limitée.

En somme il s'agit d'un produit typiquement issu de la vision du monde d'Apple.

Un quart de siècle plus tard, l'Ipad se positionne sur le marché de l'informatique (à mes yeux c'est bien un ordinateur) de la même manière que le MacIntosh (« Hello my name is MacIntosh »).

L'ennui c'est que cette vision des choses a mis Apple plus bas que terre et sans l'aide financière de Microsoft (qui espérait ainsi se sortir d'une partie de ses déboires judiciaires) l'entreprise aurait fait faillite à la fin des années 90.

Petit retour en arrière

Un jour de 1986 est arrivé à la maison un Amstrad PC 1512. la bestiole avait coûté à peu près 10000 francs à l'époque, soit presque 2,5 SMIC. Le système d'exploitation était le MS-DOS.

Grosso modo à l'époque un compatible coûtait 10000 Francs, un Mac 20000 et un PS d'IBM (un PC, un vrai!) dans les 25000.

Apple avait alors bâti son succès sur le prix et les qualités intrinsèques de son ordinateur. Apple était mouns cher qu'IBM et tout aussi performant, voire plus convivial.

Le Mac sort en 1984 ( la pub pour le lancement est superbe), 15 ans pus tard la boîte était par terre.

Les causes d'un échec

Apple n'est pas resté le moins cher très longtemps. La vague des compatibles du milieu des années 80 a vite fait baisser les prix.

Apple s 'est retrouvé à vendre des Ferrari à un public qui ne pouvait acheter que des Fiat. Et puis intrinsèquement un ordinateur ne sert à rien.

Seule, une machine ne sait rien faire. Ce sont les logiciels qui comptent. Que fait-on avec un PC ? Du jeu, ce qui nécessite des jeux vidéos ; de la bureautique, vous achetez un traitement de texte et un tableur ; du traitement de l'image, vous utilisez un logiciel de retouche photo. J'en passe et des meilleures.

En faisant pulluler le MS-DOS puis Windows, Microsoft a pu s'imposer comme le partenaires de référence pour les développeurs. L'écrasante majorité des logiciels tourne sous Windows, les utilisateurs achètent donc des PC sous Windows.

Semble-t-il Apple n'a toujours pas comprit la logique qui sous-tend le marché.

SAAS

Évidemment le lecteur va me rétorquer : « Mais l'Ipad, c'est pas un PC ! ».

Dans la logique d'Apple, et de la majorité des utilisateurs, je répondrai oui.

Mais pour ce qui touche au marché des logiciels, je répondrai non.

Depuis trois ou quatre ans les professionnels du logiciels et du Web (dont j'estime faire partie,même si je ne suis en rien quelqu'un d'exceptionnel) parlent du cloud computing et du SAAS. Et c'est sur ce point que l'Ipad pêche un peu.

Le cloud computing (l'informatique dans les nuages) et le SAAS (Software As A Service, le logiciel en temps que service) sont une curieuse façon d'avancer tout en reculant. Le principe est tout bête : les logiciels s'éxécutent sur un serveur distant, l'utilisateur y accède via un poste client connecté au réseau, Internet ou Intranet.

Pour ceux qui comme moi on travaillait sur des MO5 et des TO7 cela peut rappeler de bons vieux souvenir.

Dans ce cadre l'Ipad est juste un super « dull terminal ». mis à part deux ou trois logiciels installés sur la bécane pour la f aire tourner, d'ici quelques années il est probable que tous les outils soient utilisés depuis le navigateur Web (Safari en l'occurence).

Prenons mon cas personnel :

Actuellement je démarre mon activité en temps qu'indépendant. J'utilise un CRM pour mon listing clients. Dans le cas présent il s'agit de SugarCRM. Ce logiciel est installé sur un serveur et je peux y accéder depuis n'importe quel ordinateur connecté à Internet. À la limite un smartphone ferait très bien l'affaire. Pas beesoin d'acheter un appareil à 800€, surtout si on considère que le logiciel me permet de sauvegarder tous mes fichiers en lignes.

Produits ou Services

En temps que produit l'Ipad est intéressant? Ça plait aux technophile et aux geeks (je rappelle qu'en anglais ce mot est un insulte).

Mais en temps que terminal permettant d'accéder à des services en lignes, d'un coup l'intérêt baisse.

L'Ipad n'est en rien une révolution technologique (relisez Schumpeter et ses travaux sur les cycles d'innovations), la concurrence va très vite sortir des produits similaires à moitié prix.

Les consommateurs pratiquant la pensée utilitariste, c'est à dire « je n'achète que ce dont j'ai réellement besoin », risque de se porter à terme sur des produits aux capacités similaires, mais moins onéreux.

Automatiquement Apple risque de se retrouver à nouveaux dans la même situation qu'au milieu des années 90.

ON en reparle dans 15 ans.